Le fleuve du Mékong

L’Asie du Sud-Est et en particulier le Cambodge considèrent le fleuve Mékong comme un trésor naturel ancestral. Ce nom résulte de l’association des mots khmers « មេ Maé + គង្គ Kôngk », signifiant « Mère des Eaux ». Ce fleuve traverse six pays : la Chine, le Myanmar, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam. Les experts estiment sa longueur entre 4 350 et 4 900 kilomètres selon sa source. Le Mékong nourrit 60 millions de personnes grâce à la pêche et à la riziculture. Plus de 90 ethnies et minorités vivent le long du fleuve avec les peuples majoritaires.

Un puit de nourriture au Cambodge

Ces populations riveraines se consacrent principalement à la pêche. Les poissons, fruits de mer, mollusques et autres êtres vivants capturés et consommés dans les milliers de villages riverains représentent 80 % de leurs apports en protéines. Dans le bassin du Mékong, pour un fleuve, cette activité représente 2 % de la pêche mondiale, ce qui est considérable.

Ce fleuve légendaire traverse le Cambodge du nord au sud sur plus de 480 kilomètres, depuis les puissants courants de la frontière laotienne de Si Phan Don jusqu’à la frontière vietnamienne. Le fleuve Mékong fait partie intégrante de la culture du pays depuis des millénaires. En particulier dans les six provinces qu’il traverse : Phnom Penh, Kandal, Prey Veng, Kampong Cham, Stung Treng et Kratié. Les dauphins de l’Irrawaddy sont mondialement connus pour habiter les parties du Mékong situées dans les deux dernières régions.

Le fleuve Mékong une histoire liée à la France et aux protectorats indochinois

Après la guerre d’Indochine (1946-1954), l’expression « remonter le Mékong » est devenue populaire parmi les soldats français revenant du front. Cela évoquait le souvenir d’expériences partagées que les générations suivantes n’ont pas connues. Cette expression a été rendue célèbre par Charles Aznavour dans sa célèbre chanson « La Bohème » avec les paroles : « Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître ».

Un fantasme d’exotisme

Cette expression s’inspire des fantasmes d’exotisme européen lors de l’exploration du Mékong. Les Portugais, Néerlandais et Français l’ont exploré depuis le delta vietnamien. Botanistes, explorateurs, naturalistes et historiens l’ont découvert au XIXe siècle. Les explorateurs français ont remonté le fleuve jusqu’à Luang Prabang. En 1863, les explorateurs français ont établi un protectorat au Cambodge. Dirigés par Ernest Doudart de Lagrée et accompagnés de Francis Garnier, ils ont réussi à remonter le Mékong jusqu’à Luang Prabang. Trente ans plus tard, un nouveau protectorat français a été installé dans cette région. Peu ont exploré au-delà du Yunnan chinois.

La renomée du Mékong

De nombreux récits ont émergé de ces expéditions, faisant découvrir le Mékong à l’Europe et contribuant au mythe d’un fleuve gigantesque traversant une région entière du globe et une partie du continent asiatique. Aujourd’hui, il est le 10e fleuve du monde en termes de débit et se classe entre la 8e et la 11e place mondiale en termes de longueur, étant donné que sa source exacte n’est pas encore confirmée. En 2013, les explorateurs suisses et néerlandais Luciano Lepre et Peter Neele ont démontré que sa source se trouverait plus haut que ce que l’on pensait jusqu’alors.

Le fleuve Mékong célébré chaque année

Le Mékong est au cœur de nombreuses célébrations locales et nationales. Par exemple, la fête de l’eau en novembre à Phnom Penh attire des habitants des provinces pour les courses de pirogues. Pendant ce temps, le Tonlé Sap se déverse dans le Mékong, puis en mai, le Mékong alimente à son tour le Tonlé Sap. Ce cycle régule la vie des habitants riverains depuis des millénaires.

Compétition entre les 25 provinces

Les 25 provinces du pays participent à la compétition sur le fleuve. Les spectateurs se rassemblent sur les ponts et les rives pour acclamer les compétiteurs. Ces derniers s’entraînent pendant plusieurs mois dans leur village en préparation de l’événement. Leur entraînement varie, parfois dans l’eau et parfois sur terre. Certaines provinces, telles que Prey Veng, Kampong Cham, Kampong Chhnang et Kampong Thom, sont particulièrement représentées avec 400 pirogues inscrites aux épreuves. Ces provinces sont traversées par le Mékong et le Tonlé Sap, offrant des conditions d’entraînement favorables grâce aux courants. L’événement est très populaire et fait l’objet d’une couverture médiatique locale et internationale.

Le fleuve Mékong Une frontière naturelle

Le Mékong divise littéralement le Cambodge en deux parties : une partie centrale plus large à l’ouest et une partie plus étroite à l’est. Actuellement, seuls trois ponts routiers permettent de traverser le fleuve : le pont Mékong à Stung Treng, le pont Kizuna à Kampong Cham, le pont Prek Tamak à Kandal et le pont de Neak Luong à Prey Veng. Ce sont les seuls points de passage routiers vers l’est du pays. Cependant, les populations locales utilisent depuis longtemps le transport fluvial pour traverser le Mékong d’une rive à l’autre. À Phnom Penh, par exemple, vous pouvez traverser le fleuve Mékong en laissant votre moto, votre voiture ou même votre tuktuk sur le pont du bateau !

Le fleuve Mékong un point vitale du Cambodge

Ces quelques exemples illustrent l’importance et l’influence durables du Mékong dans la vie quotidienne, la culture et l’histoire du Cambodge. Le fleuve a forgé la région pendant des millénaires et reste vital pour les habitants locaux.